Top des comédies incontournables de Louis de Funès | CineComedies (2024)

↑ Photo © Benjamin Auger

Louis de Funès est né le 31 juillet 1914 et mort le 27 janvier 1983. Quarante ans après sa disparition, nous vous proposons de redécouvrir, par ordre chronologique, les comédies incontournables de la filmographie de l’acteur comique le plus populaire du cinéma français.

NI VU, NI CONNU (Yves Robert, 1958)

« Quand j’ai lu L’Affaire Blaireau, le livre d’Alphonse Allais, je me suis dit : « C’est pour moi. » Il y avait là tout ce que j’aimais, c’était un film qui se passait dehors, à la campagne, avec de la pêche, de la chasse, des animaux. En plus avec de Funès… », racontait en 1996 Yves Robert à Jérôme Tonnerre dans Un homme de joie (Flammarion). En résulte une véritable ode à la nature, ainsi qu’une irrésistible farce façon Guignol menée tambour battant par Louis de Funès, Moustache et Pierre Mondy (entre autres).

POUIC-POUIC (Jean Girault, 1963)

En 1952, dans une pièce de théâtre intitulée Sans cérémonie, écrite par Jacques Vilfrid et Jean Girault, Louis de Funès joue le rôle (modeste) d’un valet. Une dizaine d’années plus tard, le comédien figure désormais en haut de l’affiche lorsque ce même sujet fait l’objet d’une adaptation cinématographique particulièrement détonante. Et la distribution y est pour beaucoup. Outre de Funès, dont la performance est fabuleuse, Jacqueline Maillan, Philippe Nicaud, Mireille Darc, Roger Dumas et Christian Marin s’en donnent aussi à cœur joie. Retitrée Pouic-Pouic, la comédie fait alors des étincelles au box-office (plus de deux millions d’entrées) et devient un classique quasi instantané.

SAGA LE GENDARME DE SAINT-TROPEZ (Jean Girault, 1964-1982)

5 juin 1964. Le soleil est au beau fixe. Louis de Funès soufflera bientôt ses cinquante bougies. Affublé d’un képi et d’un sifflet, il s’apprête à tourner une comédie de plus, Le Gendarme de Saint-Tropez, sans imaginer le raz-de-marée que vont provoquer les aventures tropéziennes de Ludovic Cruchot, prolongées à cinq reprises, au hasard d’un voyage à New York, d’un mariage, d’une balade et de rencontres avec des extra-terrestres et des gendarmettes !

TRILOGIE FANTÔMAS (André Hunebelle, 1964-1967)

Criminel masqué et insaisissable, Fantômas terrorise la planète. Le journaliste Fandor, sa fiancée Hélène et le commissaire Juve le traquent sans répit dans l’adaptation (très) libre du feuilleton littéraire initié en 1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain. Le malandrin a beau se déchaîner ou s’expatrier en Écosse, la vedette de la trilogie Fantômas réalisée par André Hunebelle reste Louis de Funès, au grand dam de Jean Marais, interprète du double-rôle Fandor/Fantômas.

LE CORNIAUD (Gérard Oury, 1965)

Road-movie brinquebalant ses protagonistes entre Paris, Bordeaux, la Côte d’Azur, Carcassonne, Rome, Naples et Pise, Le Corniaud récolte à sa sortie un succès aussi énorme que le You koun-koun. La première réunion jubilatoire de Gérard Oury, du candide normand Bourvil et de son compère irascible ravit plus de onze millions de spectateurs. Le duo comique numéro un du cinéma français des années 1960 n’en restera pas là…

LE GRAND RESTAURANT (Jacques Besnard, 1966)

Cocktail savoureux d’humour et d’espionnage, le scénario de Jean Halain plonge l’irascible Septime, directeur d’un restaurant parisien haut de gamme, dans une sombre intrigue politico-policière après l’enlèvement de Novalès, un chef d’état sud-américain. Le Grand restaurant offre un divertissement cinq étoiles et une très bonne carte digne de figurer dans le Guide Duchemin, mais il s’agit là d’une autre histoire…

LA GRANDE VADROUILLE (Gérard Oury, 1966)

Après l’immense succès du Corniaud, Gérard Oury retrouve Louis de Funès et Bourvil pour une nouvelle épopée co-scénarisée par Marcel Jullian et Danièle Thompson. « On craignait de faire un film comique situé dans cette période douloureuse », expliquait alors le producteur Robert Dorfmann au sujet de deux civils français, un chef d’orchestre et un peintre en bâtiment, acceptant de conduire des parachutistes anglais en zone libre avant de devenir, malgré eux, des héros de la Résistance. Craintes infondées : dès sa sortie, La Grande vadrouille devient le plus gros succès national de tous les temps, détrôné seulement trente ans plus tard par Titanic, puis Bienvenue chez les ch’tis et Intouchables.

Top des comédies incontournables de Louis de Funès | CineComedies (15)OSCAR (Édouard Molinaro, 1967)

Le décor est unique, les portes claquent, les bons mots fusent, des valises remplies de bijou, de billets de banque et de sous-vêtements féminins disparaissent et la bonne n’est pas celle que l’on croit. Pas de doute, Oscar nage en plein vaudeville, mais la transposition à l’écran de la pièce de Claude Magnier par Édouard Molinaro, également réalisateur d’Hibernatus, surpasse son modèle théâtral. Jamais égalées, les scènes mémorables de la marelle (improvisée ?) près du téléphone, de la foudroyante attaque d’acné et du tirage de nez appartiennent au panthéon du cinéma comique français.

LE PETIT BAIGNEUR (Robert Dhéry, 1968)

Six ans après La Belle Américaine, les retrouvailles cinématographiques de Robert Dhéry, le fondateur de la troupe des Branquignols, et du comique français numéro un de l’époque donnent lieu à des sommets de loufoquerie dans Le Petit Baigneur, réalisé par Dhéry en 1967. La rencontre des influences des géants burlesques du cinéma muet (Chaplin, Keaton) et du nonsense britannique confirme un autre point : Louis de Funès est capable d’atteindre des sommets inédits lorsqu’il trouve un metteur en scène à sa hauteur.

L’HOMME ORCHESTRE (Serge Korber, 1970)

De la course de voitures à l’audition des danseuses, de la leçon de judo à la folie qui s’empare de l’hôtel à Rome, des poupons rose et bleu jusqu’au grand spectacle final, L’Homme orchestre est un OVNI cinématographique rarement cité dans la filmographie de Louis de Funès, mais devenu culte grâce à son éclatante imagerie pop et à sa musique inoubliable signée François de Roubaix. Le réalisateur Serge Korber retrouvera deux ans plus tard l’idole comique pour une nouvelle chorégraphie non pas dans les coulisses des ballets, mais Sur un arbre perché.

JO (Jean Girault, 1971)

Fusion improbable de Mais qui a tué Harry? d’Alfred Hitchcock, de L’Auberge rouge (le cadavre planqué dans la statue) et de vaudeville boulevardier, Jo s’impose comme la comédie la plus survoltée de la filmographie de Louis de Funès. En fin de parcours, la comédie macabre de Jean Girault (également aux commandes de Faites sauter la banque, Les Grandes vacances et La Soupe aux choux) dérape même vers l’irréel quand Antoine Brisebard défie la gravité en dévalant une rampe d’escalier à la verticale. Surnaturel, prodigieux.

LA FOLIE DES GRANDEURS (Gérard Oury, 1971)

Adaptée du Ruy Blas de Victor Hugo, la troisième collaboration Oury/de Funès a bien failli ne jamais voir le jour : en février 1970, Gérard Oury apprend la disparition de Bourvil. De Funès songe à abandonner le projet, mais sur une suggestion de Simone Signoret, le rôle de Blaze est repris par Yves Montand. L’alchimie entre les deux comédiens fonctionne à merveille, et La Folie des grandeurs devient esthétiquement l’un des films les plus beaux d’Oury, en grande partie inspiré par les tableaux de Vélasquez.

LES AVENTURES DE RABBI JACOB (Gérard Oury, 1973)

Peut-on rire de situations mettant en scène un héros raciste déguisé en rabbin avec en toile de fond le conflit israëlo-arabe ? La quatrième rencontre entre Louis de Funès/Gérard Oury répond positivement à la question au cœur d’une actualité brûlante : le rire est salvateur et Les Aventures Rabbi Jacob, un des films les plus importants sur le racisme et l’antisémitisme, continue à délivrer son message de paix et de tolérance auprès des nouvelles générations.

L’AILE OU LA CUISSE (Claude Zidi, 1976)

L’année 1976 marque le grand retour de Louis de Funès sur grand écran quatre ans après Les Aventures de Rabbi Jacob. Il est épaulé par Coluche qui remplace Pierre Richard prévu initialement dans le rôle de Gérard Duchemin. Derrière son avalanche de gags visuels, L’Aile ou la cuisse dissimule une critique directe de la malbouffe – l’industriel Jacques Borel devient ici Jacques Tricatel, incarné avec jubilation par Julien Guiomar – et anticipe déjà les dérapages de l’industrie agroalimentaire. Bien que multi-réchauffé par les rediffusions télé, le plat concocté par Claude Zidi (qui retrouvera Louis de Funès dans La Zizanie) a de quoi rassasier les palais les plus difficiles !

BONUS

POISSON D’AVRIL (Gilles Grangier, 1954)

Sur un scénario particulièrement mince (un homme découvre les joies de la pêche à la ligne), Gilles Grangier délivre une comédie au charme indéniable, essentiellement portée par la bonhomie de Bourvil. Poisson d’avril marque également la première vraie confrontation entre le chanteur de Salade de fruits et le futur Gendarme de Saint-Tropez, un an avant Les Hussard d’Alex Joffé et plus de dix ans avant Le Corniaud réalisé par Gérard Oury. Cela ne dure qu’un bref instant, mais on y décèle d’ores et déjà les prémices du célèbre duo à venir. Un délice. Puis, en 1962, Grangier s’offre une nouvelle confrontation choc, cette fois entre de Funès et Jean Gabin, dans Le Gentleman d’Epsom. Le cinéaste témoigne alors : « À l’époque, Jean et Louis de Funès s’admiraient l’un l’autre, et le tournage a été très agréable. Après, ils se sont détestés ; je ne sais pas pourquoi. Le rôle, épisodique, plaisait énormément à de Funès. C’était un acteur qui n’était jamais à bout de souffle. Une énergie extraordinaire. » (Passé la Loire c’est l’aventure – Gilles Grangier, entretiens avec François Guérif / Terrain Vague Losfeld, 1989).

PAPA, MAMAN, LA BONNE ET MOI (Jean-Paul Le Chanois, 1954)

Tandis que Robert Lamoureux triomphe sur scène, Marcel Aymé, Jean-Paul Le Chanois et Pierre Véry s’inspirent de son célèbre tube Papa, maman, la bonne et moi pour en tirer un amusant scénario. Séduit par le résultat, Lamoureux valide et signe. En dépit de son opinion sur le septième Art («Le cinéma m’emmerde !» dit-il), il s’agit de son dixième film… en seulement trois ans ! Mis en scène par Le Chanois, Papa, maman, la bonne et moi réunit alors la fine fleur de l’époque : Gaby Morlay, Fernand Ledoux, Nicole Courcel… sans oublier Louis de Funès. Si la présence de ce dernier à l’écran s’avère modeste, elle n’en demeure pas moins mémorable, suffisamment en tout cas pour attirer l’attention de Lamoureux. Le début d’une belle collaboration. Les deux artistes se retrouvent en effet un an plus tard devant la caméra de Sacha Guitry, dans Si Paris nous était conté : » Nous avions un sketch à nous deux, précise Lamoureux. Cela m’a donné envie, après, de jouer à nouveau avec lui. Pour moi, c’était indiscutablement un génie et j’avais pour lui une admiration sans borne. » (Louis de Funès, Roi du rire d’Éric Leguèbe / Dualpha Éditions, 2002). Robert Lamoureux l’impose donc à ses côtés lorsqu’en 1967 il joue la pièce Faisons un rêve, toujours de Guitry, au théâtre des Variétés, puis, des années après, il lui propose un projet de long-métrage écrit par ses soins mais qui, hélas, ne se concrétisera jamais.

AH ! LES BELLES BACCHANTES (Jean Loubignac, 1954)

Vendu comme « le premier film burlesque français tourné en couleurs », Ah ! Les belles bacchantes… de Jean Loubignac est l’adaptation d’un spectacle musical conçu par Robert Dhéry à l’attention de sa célèbre troupe Les Branquignols. Un délire sans comparaison aucune, où les visages de Colette Brosset, Raymond Bussières, Francis Blanche, Jacqueline Maillan, Jean Carmet ou encore de Michel Serrault se succèdent joyeusement sur des notes endiablées signées Gérard Calvi. Mais c’est à Louis de Funès que Dhéry réserve le plus beau rôle, en lui faisant enchaîner des numéros de haute volée (mention spéciale à « la danse des moines ».)

À noter par ailleurs – pour les plus curieux – qu’il existe deux versions du film : une censurée, où les femmes apparaissent à l’écran avec des soutiens-gorge, et une autre non censurée, sans soutien-gorge !

LE MOUTON A CINQ PATTES (Henri Verneuil, 1954)

Dans ce film où Fernandel a la part belle (il interprète pas moins de six rôles !), Louis de Funès parvient aussi à s’imposer, et ce, en quelques minutes seulement, sous les traits d’un horrible croque-mort. Pourtant, il s’en est fallu de peu pour que sa prestation passe à la trappe. De Funès a en effet l’idée d’une irrésistible mimique pour son personnage, histoire de lui donner un peu plus de corps. Mais dès la première prise de vue, Fernandel l’imite et lui vole ainsi la vedette. Il faudra l’intervention du réalisateur Henri Verneuil pour rééquilibrer la scène et laisser à Louis de Funès la place qu’il mérite. S’en suit un face à face d’anthologie, au sein d’une comédie hautement sympathique.

LA TRAVERSÉE DE PARIS (Claude Autant-Lara, 1956)

Classique parmi les classiques, La Traversée de Paris offre à Louis de Funès un de ses premiers grands rôles au cinéma (en terme d’intensité), et ce, même si la carrière de l’acteur en est encore à ses balbutiements. De Funès n’apparaît d’ailleurs qu’au cours de trois scènes, dont une véritablement importante, où il affronte Jean Gabin sous le regard apeuré de Bourvil. Un summum dans l’histoire de la Comédie à la française. Et si le nom ainsi que le visage de Louis de Funès n’apparaissent pas sur l’affiche du film lors de sa première exploitation, ils y figureront quelques années plus tard. Comme une évidence.

LE DIABLE ET LES DIX COMMANDEMENTS (Julien Duvivier, 1962)

Film à sketches injustement méconnu, malgré son écriture ciselée et une éclatante distribution (Michel Simon, Fernandel, Alain Delon, Lino Ventura, Charles Aznavour, Danielle Darrieux, Georges Wilson, Marcel Dalio, Claude Piéplu, etc.). Dans le segment intitulé Tu ne déroberas point, Louis de Funès fait brillamment face à Jean-Claude Brialy (un an avant le non moins mémorable Carambolages de Marcel Bluwal) et s’amuse sur des répliques signées Michel Audiard :

« Dîtes, regardez un peu ce qu’il y a là-dessous… Qu’est-ce que vous en dîtes ?
– Belle arme ! C’est du combien ?
– C’est du onze. Fabrication yougoslave. Ça vous traverse un éléphant à vingt mètres.
– En Yougoslavie, je ne vois pas très bien l’utilité.
– Non, c’est pour vous dire que ça peut traverser un caissier à Paris. »

À (re)découvrir.

par Gilles Botineau et Christophe Geudin

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Author: Delena Feil

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